On pensait décroissance et marchés en déclin après l'arrêt des vols de Norwegian sur nos lignes, la liquidation d'XL Airways et la très médiatique faillite de Thomas Cook.
Mais c'était faire fi du dynamisme de l'aéroport Guadeloupe Pôle Caraïbe (GPC) et de ses partenaires que sont le Comité du Tourisme des Iles de Guadeloupe et la Région Guadeloupe prêts à soutenir la croissance et accompagner les compagnies aériennes dans leurs projets de développement vers notre destination. Les programmes d'investissement sur l'aéroport sont lourds et ouvrent le champ à des perspectives de développement conséquent pour les compagnies aériennes installées et celles que nous pourrions attirer.
Mais ces bons résultats profitent ils vraiment à toute la destination ?

Croissance de l'offre vers Paris et Montréal et ouverture de nouvelles liaisons vers l'Europe et les Etats-Unis
L'arrivée d'Air Belgium fin décembre 2019 a restauré la confiance dans la destination, l'ouvrant à de nouveaux marchés. Initialement saisonnière et triangulaire avec la Martinique, la liaison de Charleroi pourrait passer en régulier et en vol direct dès la prochaine saison.
De son côté, la compagnie américaine Jet Blue a initié ses vols de New-York vers Pointe-à-Pitre le 1er février dernier avec pour ambition de continuer à faire progresser l'offre vers les Etats-Unis que Norwegian avait amorcé. La desserte pourrait être régulière si les remplissages actuels atteignent les niveaux attendus.
Air Canada a renforcé son programme de vol sur Montréal et envisage ouvrir une liaison directe vers Pointe-à-Pitre à partir de Toronto.
Sur Paris Orly, la capacité en siège augmente grâce notamment à l'arrivée de l'A350-1000 d'Air Caraïbes et le passage en quotidien de la compagnie Level depuis novembre dernier.
Des projets sont à l'étude pour ouvrir la Guadeloupe à l'Amérique du Sud.
L'Alliance Carib'Sky réunissant Air Antilles, Liat et Winair devrait renforcer notre présence dans la Caraïbe.
Tous ces programmes aériens vers notre destination donneraient presque le tournis et nous font flirter avec les 2,5 millions de passagers en 2019, faisant de Guadeloupe Pôle Caraïbe le premier aéroport des Outre-mer.
3 millions de passagers prévus en 2025
Les perspectives de croissance du transport aérien mondial restent favorables puisque l’IATA (l'Association Internationale du Transport Aérien) table sur 8,2 milliards de passagers à l’international en 2037 avec une forte progression de la zone Asie-Pacifique.
Pour répondre à la mobilité sans cesse croissante des populations mondiales, l'aéroport GPC s'est lancé dans un vaste projet d'investissement de 248 millions d'euros visant d'une part à renforcer la piste pour faire face à la croissance du trafic et d'autre part, et ce n'est pas la moindre de ses ambitions, à poursuivre l'extension du Terminal T1, hissant ainsi à terme notre plateforme au rang des plus beaux aéroports milléniaux.
Il s'agira, en Guadeloupe, d'accueillir 3 millions de passagers en 2025 avec le concours du CTIG.
A côté de ces investissements purement aéroportuaires, un vaste programme commercial sur 4 hectares s'ouvre aux investisseurs ainsi qu'un projet hôtelier de 130 chambres qui devrait être lancé d'ici la fin de l'année.
Comment (bien) accueillir un tel volume de visiteurs ?
Avec un tel déploiement, l'objectif de la collectivité régionale d'accueillir 1 million de touristes en Guadeloupe semble dores et déjà atteint. Néanmoins, des chiffres plus précis devraient permettre d’identifier les différents profils de touristes dont il s'agit (en séjour, en croisière, de plaisance, de "retour au pays" ?..) et de mesurer les retombées générées : 1 million de chiffres d'affaires et 1000 emplois générés ?
En effet, accueillir 1 million de touristes c'est mettre en place des outils de gestion et de planification pour recevoir de façon équilibrée dans l'espace et dans le temps, un tel afflux de visiteurs et garantir des retombées économiques au plus grand nombre.
Déjà, nous ressentons un certain "surtourisme" principalement sur notre littoral (La Pointe des Châteaux, les plages de Sainte-Anne, Deshaies, Port-Louis, Malendure...) ou sur certaines îles (Terre-de-Haut, Petite Terre, Caret) alors même que d'autres sites restent peu fréquentés (Terre-de-Bas, les centres bourg de nos communes, l'arrière pays de Grande-Terre, de Marie-Galante ou de la Désirade).
Comment proposer des activités qui répondent aux attentes des clientèles sur ces territoires isolés ? Quelle attractivité territoriale portée par nos EPCI dans le cadre de leur compétence tourisme ? Quel partenariat avec le CTIG ?
Il ne peut y avoir d'activités touristiques réussies sans connaissance fine de nos clientèles, sans équilibrage spatial et temporel, sans retombées économiques réparties sur l'ensemble des acteurs de notre archipel, sans créer des expériences partagées entre visiteurs et habitants.
Le touriste est en pleine mutation, en quête de sens, il se nourrit des cultures locales, il est à la recherche de sensations et de plaisirs plus simples, plus ancrés dans le terroir, plus "transformationnels". Les îles de Guadeloupe sont tout cela. Il convient de mettre en place dès aujourd'hui, les outils indispensables à la bonne gestion des millions de visiteurs qui s'apprêtent à (re)découvrir l'ensemble de nos îles avec les femmes et les hommes qui font la destination au quotidien.
Caroline ROMNEY Consultante en tourisme Cabinet AIGUILLAGE caroline@aiguillage.biz www.aiguillage.biz