Et si la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Réunion et Mayotte fermaient elles aussi leurs frontières aux pays touchés par le COVID-19 ...

Nous vivons une crise sanitaire pandémique qui contraint de nombreux pays à travers le monde à prendre des mesures sans précédent pour protéger leur population. L'ensemble des ressources des différents pays est mobilisé pour tenter de protéger au mieux les populations d'un virus qui n'a pas de frontière.
Dans un contexte mondialisé, où la liberté de circulation est instituée comme un droit fondamental, il apparaît difficile pour des territoires d'Outre-mer, qui n'auraient pas la capacité décisionnelle, de prendre de mesures drastiques pour protéger leur population de ce virus potentiellement mortel.
En tant que territoires français rattachés aux dispositifs normatifs de la France et de l'Europe, les Département d'Outre-mer semblent suivre les mesures qui sont décidées à plusieurs milliers de kilomètres sans pouvoir mobiliser des leviers qui leur seraient propres.
Pourtant, des dispositifs réglementaires permettent de prendre des mesures spécifiques pour répondre à un contexte particulier. Mais surtout, la situation actuelle devrait nous responsabiliser devant l'urgence impérieuse de protéger nos populations démunies.
Des dispositifs réglementaires à activer
Européennes mais pas complètement, ainsi pourrions nous presque résumer le texte de l'accord de Schengen et de la convention de Schengen de 1985 et 1990.
En effet, bien que les Départements d'Outre-mer font partie intégrante de la France et par voie de conséquence, de l'Union européenne, des barrières douanières demeurent initialement pour "protéger les marchés des DOM" et instaurer des taxes spécifiques même si elles pourraient contrevenir au droit de l'Union européenne (octroi de mer). La situation économique de nos territoires exsangue permet de justifier un tel dispositif qui contrevient aux principes mêmes de l'Union de européenne. Cette mesure n'est pas spécifique à l'Outre- mer français. D'autres territoires européennes appliquent des exemptions pour préserver une situation particulière de leur territoire (îles Féroé entre autres exemples).
En conséquence, les Départements d'Outre-mer français sont exclus de l'accord de Schengen. Au départ de l'Europe, et singulièrement de la France, les liaisons vers les Département d'Outre-mer sont considérées comme des liaisons internationales et non pas comme des liaisons intra-nationales ou intra-communautaires.
Cette exclusion de l'accord de Schengen nous permet d'imposer des taxes à nos frontières sur toutes les marchandises entrant sur nos territoires, en fonction de nos priorités et de nos besoins (il n'existe pas un octroi de mer des Outre-mer mais des dispositifs territoriaux spécifiques à chaque Département).
Aussi, pourquoi ne pas aménager ce dispositif d'exemption pour nos populations ?
Des pays membres de l'Union européenne agissent aujourd'hui de façon individuelle faisant fi de tout principe fondamental de l'Union européenne : l'Italie, aujourd'hui l'Espagne ont pris de mesures drastiques de fermeture de régions entières pour protéger leur population (et demain l'ensemble des 26 Etats européens ?).
Et sans dire de la mesure choc du Président Donal Trump d'interdire sur son territoire tous les vols en provenance de l'Europe, de la Lituanie, de la Russie, de l'Inde, de l'Arabie Saoudite qui vient d'interdire tous les vols internationaux sur son territoire etc.
A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles, les dispositifs d'état d'urgence permettent ainsi d'outrepasser le droit commun.
Fermer les frontières dans les Outre-mer .... ?
Les populations d'Outre-mer paraissent démunies face à ce virus dont elles ne semblent qu'attendre l'arrivée sur son sol...
Face aux mesures prises par les "grands pays européens" les hôpitaux des Outre-mer paraissent insuffisamment préparés, insuffisamment organisés, insuffisamment dotés de moyens matériels et humains pour répondre à une telle crise sanitaire qui se profile sur nos territoires.
En outre, nous émargeons au palmarès des taux nationaux les plus important en termes de population touchée par le diabète, l'hypertension, l'asthme, la drépanocytose... A tout cela s'ajoute les populations vieillisssantes de Guadeloupe et de Martinique qui sont les départements les plus âgés de France...
La Guadeloupe doit déjà faire face à une situation sanitaire complexe depuis 2 ans qu'un incendie ait durablement bouleversé son système de santé. Les soignants doivent au quotidien relever le défi d'assurer leur mission dans les règles de leur art dans des conditions relevant de prouesses sanitaires, sociales et économiques.Alors face à un virus de telles ampleur, que faut il attendre ?
L'Espagne comme d'autres pays du monde, regrette d'avoir attendu que le virus se propage sur son territoire pour prendre des mesures d'urgence.
Tous les indicateurs sonnent le glas d'un avenir proche inquiétant, voire mortifère...
Dans les textes européens, les territoires d'Outre-mer sont appréciés au regard de leurs conditions spécifiques (éloignement, insularité, relief, climat difficile) qui les "autorisent" à prendre des mesures normatives faisant exception aux réglements européens.
Ce ne serait pas la première fois qu'un aéroport domien fermerait ses accès. Les crises environnementales (cyclones) et sociales (2009) ont contraint un temps, d'isoler nos territoires du reste du monde.
Quelques opérateurs privés ont déjà prit des mesures exemplaires, telle la compagnie aérienne Air Austral qui dès fin janvier a suspendu ses liaisons vers la Chine pour protéger son personnel et la population réunionnaise.
Qu'en est-il de nos frontières maritimes ?
Qu'en est il des responsabilités de nos pouvoirs publics ?
La pandémie actuelle ne serait-elle pas une mesure suffisante pour prendre des dispositions à la hauteur de cette crise ?
Caroline ROMNEY Consultante en tourisme Cabinet AIGUILLAGE caroline@aiguillage.biz www.aiguillage.biz