top of page

Augmentation des prix des billets d’avion, que faire ?

Dernière mise à jour : 30 nov. 2022

Ces derniers mois, l’augmentation du prix des billets d’avion atteint des niveaux jamais enregistrés sur de si courtes périodes et de façon aussi généralisée.


Sur le réseau international, les hausses sont respectivement de +18,1% et de +16,6% sur le moyen-courrier et sur le long-courrier. Les disparités entre les continents sont importantes. Les plus fortes hausses sont enregistrées pour les vols long-courriers à destination de l’Asie et du Pacifique (+41,1%). Régions pour lesquelles certaines destinations sont encore soumises à des restrictions de déplacement. Les hausses sont un peu moins fortes pour l’Amérique du Nord (+20,3%) et l’Amérique Latine (+20,1%) mais restent importantes.


Au départ des départements d’Outre-mer, l’augmentation des prix des billets d’avion atteint 27,1%. Les vols au départ des Antilles subissent des hausses particulièrement significatives (+34,9% pour la Guadeloupe, et +32,1% pour la Martinique). Ceux au départ de La Réunion voient leurs tarifs augmenter de 42,3% !


Même constat sur les vols régionaux avec des tarifs atteignant les 1500€ pour un PTP<>CAY ou près de 500€ pour un vol entre Fort-de-France et Saint-Martin et lesquels sont des liaisons régionales françaises où seul le transport aérien existe et il ne peut y avoir d’alternatives.

Bien que les causes de ces augmentations tarifaires soient multiples et cumulatives dans un contexte de crise généralisée que ces territoires subissent, il n’en demeure pas moins que plusieurs actions à la fois correctives et attractives doivent être déployées pour juguler ces augmentations tarifaires insoutenables pour les populations, pour l’activité touristique et le développement économique de ces territoires français du monde.


Des causes multiples et cumulatives


Le secteur aérien souffre de l’explosion des prix du carburant. Pour amortir ce coût, qui représente jusqu'à 30% du prix du billet, les compagnies augmentent mécaniquement leurs tarifs et les répercutent sur le passager en bout de chaîne.


En outre, l’inflation impacte les coûts totaux du secteur aérien notamment les coûts des redevances aéroportuaires et les coûts salariaux qui, eux aussi, ont aussi augmenté. Et enfin la hausse du dollar est durement ressentie dans ce secteur dont 40% des dépenses s'effectuent dans cette devise…


Et ces différentes hausses ne semblent pas prêtes de s’arrêter. Tant qu’il n’y a pas de visibilité sur le plan géopolitique mondial, il ne peut y avoir de stratégie économique baissière dans un monde en crise.


Nos territoires Outre-mer, pourtant éloignés de ces problématiques planétaires qui les dépassent, subissent de plein fouet ces augmentations drastiques mettant à mal tant leurs développements économiques que leurs relations sociales et culturelles qu’elles entretiennent avec leur métropole d’origine. L’aérien étant le seul mode de transport qui les unit et qui garantit un moyen de déplacement rapide vers l’hexagone et les autres territoires ultramarins et mondiaux.


Alors que faire ?

Plusieurs actions tous azimuts se déploient en ce moment pour contraindre l’Etat ou les compagnies aériennes (ou les deux) à agir sur ces augmentations drastiques. Cependant, elles ne peuvent être l’unique solution. D’autres actions complémentaires portant sur le volet économique et attractif doivent également être activées


Une action politique menée sur « la fracture territoriale »


Sur la plan politique, il n’y a pas d’actions concertées et généralisée. Le slogan « ensemble on est plus fort » de l’ACCDOM ne semble pas partagé par tous. C’est d’abord le président de la Collectivité Territoriale de la Martinique, Serge Letchimy, qui a interpellé la Première ministre Elisabeth Borne, sur « la mise en place d’un plan de stabilisation sur six mois des tarifs des billets d’avions afin de garantir que les billets de la classe économique ne dépassent pas le tarif de 500 euros ». Puis, quatre parlementaires guadeloupéens rejoignent « l’appel de Letchimy » en demandant cette fois, non plus d’avoir une appréciation par classe tarifaire mais que soit revu et renforcé le dispositif de continuité territoriale pour les résidents des Outre-mer au même titre que la Corse. Cependant, il nous paraît que ce qui a été réfléchi pour la Corse et ses 320 000 habitants est difficilement transposable pour les Outre-mer qui comptent plus de deux millions d’habitants répartis sur cinq DOM…


Le nouveau président de LADOM, Maël Disa, aura beaucoup à faire au sein de cet organisme en pleine restructuration confronté à de fortes attentes. Cette fracture territoriale existe aussi sur les liaisons régionales (Guyane, Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy) qui doivent intégrer les réflexions larges de la liberté de déplacement à l’intérieur d’un même territoire français, partant du principe acquis que les augmentations tarifaires grèvent la liberté de déplacement.


Une attractivité touristique à renforcer sur nos destinations océanes


La clientèle touristique étrangère participe pleinement au rebond de l’économie touristique, notamment le segment haut-de-gamme. Pour ce type de clientèle, la prochaine saison touristique s’annonce prometteuse grâce à la reprise des vols des compagnies aériennes internationales vers la Guadeloupe et la Martinique (Jet Blue, Air Canada, Air Transat l’ouverture de nouvelles lignes d’Air France vers les Etats-Unis et le Canada…). Ces clientèles ne représentent encore que 10% à 15% du flux touristique de la Guadeloupe et de la Martinique alors qu’elles pourraient capitaliser sur deux leviers d’attractivité : l’image de marque de la France (la clientèle étrangère privilégie le haut de gamme) et le la proximité géographique (les clientèles haut de gamme se tournent de plus en plus vers un tourisme de proximité dans un contexte de grande instabilité géopolitique). Il s’agira alors de renforcer l’offre servicielle et touristique amorcée par la Guadeloupe et la Martinique comme l’ont fait Saint-Martin et dans une autre mesure, Saint-Barthélemy.


Autre levier : l’évènementiel international ! La Guadeloupe vit au rythme des arrivées des skippers de la Route du Rhum depuis une dizaine de jours. Cette route maritime mythique a pour effet de lancer très en amont et très fortement la saison touristique : toutes les structures qui œuvrent directement ou indirectement dans le secteur du tourisme affichent complet depuis début octobre (là où elles le sont généralement vers le 15 décembre). Les évènementiels internationaux contribuent à renforcer positivement l’image des destinations, à attirer une clientèle de niche qui peut devenir fidèle à la destination. Ces évènementiels (sportifs-ludiques ou Congrès-affaires-gastronomie) attirent une part de cette clientèle haut-de-gamme qui voyage en classe affaire, celle qui rentabilise les vols et contribue à faire baisser les prix des classes économiques.


Et enfin, l’observation des marchés. Il existe des clientèles qui sont peu sensibles au prix ou qui ne regardent pas à la dépense lorsqu’elles partent en vacances pour une vraie décompression. Une observation fine de comportements d’achat de ces clientèles permettra de mieux les séduire à nos destinations en leur proposant un panel d’offres de nos prestataires locaux qui correspondent à leurs attentes.


Ainsi, les actions concourant à la baisse des tarifs aériens doivent-être globales et multi sectorielles. C’est donc tout un modèle économique qu’il faut repenser et soutenir dans un contexte économique haussier, où les crises se succèdent. Il s’agit maintenant de bâtir une stratégie des dessertes aériennes en Outre-mer en vue de permettre à chacun d’inscrire son propre effort dans une perspective d’ensemble, d’augmenter ainsi l’efficacité des actions à long terme et non plus au coup par coup et de façon dispersée. Cette stratégie apparaît indispensable à l’aube des grands enjeux environnementaux et d’imposition généralisée d’une taxe carbone venant encore impacter les coûts du transport aérien notamment en Outre-mer…



Caroline ROMNEY Consultante en tourisme Cabinet AIGUILLAGE caroline@aiguillage.biz www.aiguillage.biz

0 commentaire
bottom of page