Le phénomène n’est pas nouveau mais gagne en intensité et en périodicité.
Les algues brunes, plus communément appelées sargasses, s’échouent massivement sur les côtes et plages de notre archipel générant des risques pour la santé humaine et impactant significativement les activités économiques, notamment touristiques.
Il n’existe pas ou peu d’études relatives aux coûts directs et indirects de l’échouage des sargasses sur la fréquentation touristique de notre île. A chaque échouage, les restaurateurs, les boutiques, les opérateurs nautiques touchés (loueurs de jet, de ski, paddle, surf, véliplanchistes…) cessent toute activité jusqu’à l’échouage et le ramassage par les collectivités locales de ces bans d’algues nauséabondes...
Les touristes en séjour se plaignent, modifient leur programme de visite en fonction des niveaux de sargasses sur le littoral jusqu’à ne plus se rendre sur les lieux incontournables de l’archipel tels la Pointe des Châteaux, La Désirade, les plages du sud et du nord de la Grande-Terre et celles de Marie-Galante…
Quand l’Observatoire Régional du Tourisme nous informe que 48% des touristes résident sur le territoire de la Riviera du Levant et 77% viennent pour la plage et la baignade, la question de l’information des clientèles touristiques sur les risques liés aux échouages massifs de sargasse devient prégnante, tout comme celles de l’attractivité de notre destination et les pertes économiques liées au risque de repli de la fréquentation touristique.
Le tourisme est une activité fortement concurrentielle. Les agences de voyage s’inquiètent de faire voyager leurs clientèles vers une destination dont la satisfaction n’est pas garantie et les risques de contentieux certains. Les touristes individuels interrogent des plateformes dont la neutralité et l’objectivité des informations communiquées n’est pas garantie. Quand près de 70% de nos touristes sont d’origine métropolitaine, le parallèle avec la crise des algues vertes en Bretagne est vite réalisé auprès d’une clientèle potentielle de plus en avertie.
En Bretagne justement, le Comité Régional du Tourisme avait élaboré un argumentaire visant à rassurer les touristes sur les risques liés à l’échouage des algues vertes sur le littoral. Les professionnels du tourisme se sont vus proposer des formations spécifiques pour optimiser l’accueil et l’information délivrés aux touristes. Il en va de l’attractivité de la destination et de la sauvegarde des activités et emplois bretons. Une catastrophe doit être gérée comme telle et toutes les mesures avaient été mises en place pour en limiter l’impact.
De même dans la Caraïbe, l’Association des Hôtels de la Caraïbe (CHA) a publié un guide pour les socio professionnels et les membres du gouvernement visant à délivrer les meilleures informations pratiques aux touristes et atténuer l’impact de l’image des échouages des sargasses sur les côtes caribéennes.
PROPOSITION 1
Et en Guadeloupe ?
Plusieurs initiatives publiques et privées sont imaginées afin de réduire l’impact des sargasses sur le littoral, mais elles restent encore parcellaires, sous dimensionnées et insuffisamment financées.
La plupart d’entre elles s’inscrivent dans une démarche curative et non pas préventive.
Nous le savons, la crise des sargasses sera récurrente et le phénomène risque même de s’amplifier dans les années à venir.
Si des mesures drastiques et coordonnées ne sont pas mises en œuvre aussi bien en mer que sur terre voire en partenariat avec les îles voisines de la Caraïbe qui souffrent des mêmes difficultés, viendra alors s’ajouter à cette crise sanitaire une crise économique et touristique que nous aurons du mal à relever.
Ainsi la politique volontariste engagée par la Collectivtié Régionnale qui s’est fixé l’’objectif ambitieux d’atteindre un million de touristes d’ici 2020 générant 1 milliard d’euros de chiffre d’affaire et la création de 1 000 emplois dans le secteur, risque fort d’être mise à mal.
Les insatisfactions et frustrations générées tant chez la population que chez les professionnels seront alors immenses …
PROPOSITION 2
Et en Guadeloupe ?
Plusieurs leviers concomitants pourraient être actionnés en amont, pendant et après l’arrivée des sargasses sur le littoral guadeloupéen, dès lors qu’ils sont techniquement éprouvés et financièrement accompagnés.
D’abord, le ramassage des bans de sargasse en mer par des navires équipés et qui auront obtenu au préalable l’aval des services maritimes compétents.
Ensuite, le ramassage des algues échouées et leur entreposage en des lieux non impactant pour les populations avoisinantes en vu d’un traitement spécifique.
Et enfin, la formation des professionnels du tourisme sur le type d’information à divulguer auprès des visiteurs potentiels et ceux qui sont sur place afin de les rassurer sur l’impact des sargasses sur la santé humaine et les informer sur les mesures prises par les pouvoirs publics.
Si ces mesures ne sont pas mise en œuvre pour la prochaine saison touristique, l’objectif fixé par la Collectivité régionale d’atteindre un million de touristes d’ici 2020 et générer 1 milliard d’euros de chiffre d’affaire risque de ne pas être atteint.